Publié dans : Blog
Posté sur : 21 mars 2022
par Sarita Addy, PhD
Cela fait à peine deux ans que le monde a vu les manifestations du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, en Europe et au Canada pour s'opposer à l'institutionnalisation de la discrimination raciale dans le maintien de l'ordre et l'application de la loi. Aujourd'hui, alors que nous commémorons la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, nous reconnaissons que le racisme existe toujours et se manifeste dans des contextes très inattendus. Dans le contexte du conflit russo-ukrainien, des rapports de discrimination dans la couverture médiatique et dans la manière dont les étudiant.e.s de couleur étaient traité.e.s aux frontières de certains pays européens voisins ont renforcé la nécessité de faire encore plus pour atténuer la crise de la discrimination raciale dans le monde.
Lors des premiers jours de l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, plusieurs rapports faisant état d'une discrimination présumée à l'encontre d'étudiant.e.s africain.e.s et indien.ne.s ont émergé. Selon certains témoignages, des citoyen.en.s ukrainien.ne.s ont formé des blocs humains dans des stations de métro surpeuplées pour empêcher des étudiant.e.s africain.e.s et indien.ne.s de monter dans des trains qui se dirigeaient vers l'extérieur du pays. Ceux.celles qui sont parvenu.e.s à franchir les frontières de pays comme la Pologne se sont vu refuser l'entrée. Ces étudiant.e.s internationaux.ales venu.e.s en Ukraine pour étudier n'ont pas été autorisé.e.s à passer car les autorités frontalières polonaises avaient reçu l'ordre de n'autoriser l'entrée qu'aux titulaires de passeports ukrainiens. Les Ukrainien.ne.s fuyant les bombardements de leur pays ont été accueilli.e.s en leur garantissant un abri, de la nourriture et la possibilité de rester temporairement. Bien que les Indien.ne.s, les Africain.e.s et les Ukrainien.ne.s fuyaient le même conflit, la compassion dont ont bénéficié les Ukrainien.ne.s n'a pas été accordée à ces étudiant.e.s dont la peau était simplement brune et foncée. Pourquoi existe-t-il des conditions d'entrée différentes pour des personnes fuyant la même tragédie? Pourquoi les Ukrainien.ne.s méritent-il.elle.s plus que les Africain.e.s et les Indien.ne.s d'être traité.e.s avec humanité et d'avoir droit à un abri?
Quelques journalistes américain.e.s qui ont couvert le conflit en Ukraine ont également fait preuve de leurs propres préjugés raciaux inconscients dans leur manière de rendre compte des Ukrainien.ne.s en fuite. Il.elle.s se sont montré.e.s réticent.e.s à décrire les Ukrainien.ne.s fuyant vers d'autres pays européens comme des réfugié.e.s. Des mots comme « chrétien », « éduqué », « classe moyenne », produits de « sociétés civilisées » ont été lancés en quelque sorte pour faire la distinction entre les Ukrainien.ne.s en fuite et le réfugié moyen que les médias occidentaux ont largement construit et associé au conflit : pauvre, non éduqué, musulman, indigent, non civilisé et racisé. D'une manière nonchalamment raciste, il.elle.s ont implicitement tenté de justifier le fait que les personnes qu'il.elle.s considèrent comme provenant de « sociétés civilisées » ne méritent pas de voir leur vie bouleversée. Cette façon de présenter les Ukrainien.ne.s en fuite est problématique car elle renforce implicitement l'idée que le conflit et le chaos sont nés dans les pays de l'hémisphère sud qui ne sont ni chrétiens ni blancs, tout en réaffirmant que les Ukrainien.ne.s en fuite ne pouvaient pas être des réfugié.e.s au même sens que les personnes racisées.
Ce reportage, aussi dérangeant qu'il ait pu sembler aux communautés de couleur, montre comment la discrimination raciale imprègne le langage que nous utilisons pour décrire les réalités qui nous entourent. Mais il met également en lumière la construction racialisée et altérante du mot "réfugié" par les médias occidentaux. Au cours des dernières décennies, la signification du mot "réfugié" s'est enrichie de la notion d'individus pauvres, noirs et bruns, fuyant des dictatures, des catastrophes naturelles et des conflits dans des régions dévastées par la guerre et éloignées de l'Occident. Ceci, à son tour, affecte la façon dont ils seront perçus et influence les conditions de leur accueil aux frontières nationales. Les réfugié.e.s syrien.nes ont-il.elle.s jamais été décrit.e.s comme éduqué.e.s, de classe moyenne ou civilisé.e.s pour laisser entrevoir la possibilité de contribuer à l'économie ou à la société d'accueil? Cette vision étroite de ce qu'est un.e réfugié.e a montré les limites de ce mot et comment les journalistes en question se sont ingénié.e.s à distinguer les Ukrainien.ne.s du réfugié moyen auquel leur public était habitué.
La discrimination raciale à laquelle sont exposés les étudiant.e.s internationaux.ales fuyant l'Ukraine peut également être une question de vie ou de mort. Alors que le pays est bombardé et que les étudiant.e.s de couleur sont piégé.e.s aux postes frontières, il.elle.s sont confronté.e.s à des risques sanitaires, à une mauvaise alimentation, à des vêtements d'hiver inadaptés pour les longs trajets à pied et à un manque abject d'abris.
Je souligne ces deux incidents parce qu'ils pointent vers la même chose : le racisme, tant occasionnel qu'institutionnel. Cette guerre a montré clairement que le racisme est omniprésent, même dans les moments de crise, et qu'il faut faire davantage pour l’éliminer. La première étape consiste à reconnaître l'existence de la discrimination raciale dans divers aspects de nos sociétés et à comprendre comment elle se manifeste aujourd'hui. À cette fin, le CCDI propose des trousses à outils et des guides éducatifs gratuits pour aider les allié.e.s à être plus proactif.ve.s dans la lutte contre le racisme.
Alors que nous marquons la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, réfléchissez à ce qui doit encore être fait dans votre communauté et sur votre lieu de travail pour mettre fin à la discrimination raciale. Que faites-vous, vous et votre organisation, pour lutter contre la discrimination raciale à l'égard des personnes et des communautés racisées et historiquement exclues?
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