Publié dans : Blog
Posté sur : 27 mai 2025
Par Andrea Dillingham-Lacoursiere
Le mois de mai est le Mois du patrimoine juif au Canada, une période consacrée à la culture, à l’histoire et à la résilience du peuple juif. C’est également l’occasion de réfléchir aux chapitres inimaginables qui ont façonné le XXe siècle et de comprendre ce qui est requis de nous aujourd’hui.
Quelques membres du CCDI ont récemment visité l’exposition Auschwitz : Pas si longtemps. Pas si loin. du Musée royal de l’Ontario. Nous savions que ce serait difficile. Ce à quoi nous n’étions peut-être pas préparé·e·s c’est à quel point nous serions ému·e·s et à quel point cette exposition nous révélerait la réalité du moment présent.
Au cours des jours qui ont suivi notre visite, nous avons pris le temps de faire le point entre employé·e·s. Ce qui nous a le plus marqué·e·s de l’exposition, ce n’est pas l’histoire, mais le caractère profondément humain de l’expérience. Son caractère incroyablement personnel. Les récits n’étaient ni distants ni abstraits. Ils étaient tangibles et intimes.
« Ce qui m’a le plus marquée, c’est l’humanisation de l’exposition », explique Josephine Njoh, directrice, relations partenaires au CCDI. « Souvent, nous entendons parler d’événements historiques, aussi catastrophiques soient-ils, mais ils ne sont pas individualisés ni personnalisés. Entendre les récits individuels, voir les vêtements, les chaussures, nous a vraiment fait prendre conscience qu’il s’agissait d’individu·e·s. C’étaient des personnes avec une famille, un nom, une carrière, et nous pouvons tou·te·s nous identifier à elles. »
Ce sentiment était omniprésent tout au long de l’exposition. En parcourant les lettres, les photographies, les objets du quotidien (une chaussure d’enfant, une valise usée), on commence à saisir l’ampleur de la perte à travers les plus petits détails. La banalité est effrayante : les horaires de train, les uniformes, les dossiers. Le génocide n’a pas commencé dans les camps. Il a commencé par la bureaucratie, les frontières, le silence.
« Dans une des salles, il y avait une porte d’une chambre à gaz d’Auschwitz », raconte Rosiane Torres, coordinatrice, événements au CCDI. « Et il y avait une note disant que les ouvrier·ière·s qui l’avaient fabriquée étaient fier·ère·s de soutenir la grande Allemagne. Je me suis dit que peut-être la société de l’époque ne savait pas vraiment ce qui se passait. Mais non, beaucoup le savaient. Et ils·elles l’ont soutenu. Cela m’a rappelé que même aujourd’hui, de nombreuses organisations tirent profit de systèmes violents. On en trouve des échos partout. »
Dans notre travail, nous parlons souvent de systèmes : comment ils sont construits, à qui ils servent, qui ils effacent. Mais le voir dévoilé dans cette exposition a rendu plus difficile de parler des systèmes comme de quelque chose d’abstrait. Ce n’était pas une leçon d’histoire. C’était une confrontation avec la complicité. C’était un miroir.
« Cette exposition a été une occasion d’apprentissage incroyablement enrichissante », déclare Annika Fenton, gestionnaire, développement des entreprises au CCDI. « J’ai déjà assisté à bien des événements éducatifs sur l’holocauste, mais celui-ci s’est démarqué par la façon dont il a mis à nu les horreurs de la tragédie sans embellissement. L’exposition a laissé les faits grotesques parler d’eux-mêmes. Le contexte était à la fois incroyablement instructif et profondément déchirant. »
Depuis notre visite, nous avons discuté de la façon dont cette expérience nous a amené·e·s à réfléchir à notre présent, aux personnes qui sont détenues, déportées, surveillées ou laissées pour mortes sous le poids de la politique. Nous avons discuté de la façon dont les termes « ordre » et « justice » sont encore utilisés pour justifier la cruauté. Et nous nous sommes demandé : que signifie vraiment « plus jamais » si nous détournons le regard aujourd’hui?
Cette exposition n’offre pas de conclusion facile. Elle ne résout pas tout de manière nette. Elle vous laisse avec un sentiment de malaise et de chagrin et bien des questions. Mais elle vous apporte également de la clarté.
Le Mois du patrimoine juif n’est pas seulement un moment de souvenirs. C’est un moment de clarté morale. De courage. D’action.
Si vous êtes à Toronto ou dans les environs, prenez le temps de visiter l’exposition Auschwitz : Pas si longtemps. Pas si loin. avant sa clôture le 1er septembre 2025. Allez-y avec quelqu’un. Discutez-en après. Laissez l’exposition vous interpeller. Laissez l’exposition vous changer.
Car le souvenir seul ne suffit pas.
Nous devons réagir. Nous devons résister.
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